La vie d'expat
24 August 2017
Peu importe son pays de résidence, il est difficile d’abandonner ses habitudes acquises au fil du temps. Atterrir en Haïti réserve quelques surprises, évidemment.
Un des éléments les plus choquant, venant d’une Suisse où le tri des déchets est un sport national et l’absence totale de gestion des déchets. Si à Port-au-Prince, il est possible de croiser un camion poubelle, les déchets sont brulés à l’air libre dans des décharges allant du terrain à vague au village](https://www.google.ht/maps/@18.606817,-72.3405559,1723m/data=!3m1!1e3) (photos vice.fr). Et tout passe à la poubelle qui fini on ne sait où, certainement dans la ravine à côté.
Autre fait intéressant : marcher est une activité de pauvre. Peut-être basé sur le modèle états-unien où on prend son auto pour aller à la boîte-aux-lettres. Dans Port-au-Prince, il y a des raisons sécuritaires qui font que c’est conseillé d’être motorisé mais à Jérémie, nous passons pour des originaux à aller faire nos courses à pied. Au minimum, nous devrions emprunter un des innombrable taxi-moto.
Alors que dire de nos sorties en mode randonnée ou course à pied ? Certainement que les premiers touristes britanniques des Alpes devaient recevoir les mêmes regards amusés. Qui sont ces gens qui parcourent nos sentiers pour le plaisir ? C’est le mode jogging qui suscite le plus d’étonnement et de moqueries. Ne faut-il pas être masochiste ? N’oublions pas que la course à pied « pour le plaisir » est un phénomène récent de nos sociétés occidentales.
Et ce ne sont pas les sentiers qui manquent. Il est virtuellement possible d’aller de nulle part à partout. Bien qu’une machette peut s’avérer utile pour rejoindre un sentier indiqué sur OpenStreetMap, tout le terrain est quadrillé de voies.
Mais le modèle occidental, celui qui nous colle à la peau se matérialise certainement le mieux dans le supermarché. À Port-au-Prince, ce sont des entreprises tenus par des membres des communautés Libanaises et Syriennes ou se croisent produit Président, Nestlé, Coca-Cola, et Tahini, Bulghur. Et tout ceci entremêlé de produits locaux. Et ça nous donne l’occasion de dénicher un bout de fromage, des olives ou du vin rouge.
La vie d’expat à Port-au-Prince se résume peut-être à vivre dans un quartier gardé, presque fermé. À fréquenter des lieux sûrs et/ou populaires de la classe aisée haïtienne. Et éventuellement à se balader en 4x4 aux vitres teintées. À Jérémie, ville de l’aïeul des Alexandre Dumas Père et Fils, l’expat va nager, fait son jogging, visite les restaurants du LonelyPlanet.