Jérémie

7 August 2017

Notre départ de Port-aux-Prince au petit matin pour éviter les embouteillages doit nous mener à Jérémie, capitale de la région Grand’Anse. Au menu 280km de route, tantôt goudronnée et dégagée, puis traversant un marché, puis défoncée. C’est sportif. Jusqu’au Cayes, tout va avec la chose intéressante que chaque colline laisse découvrir un nouveau village lors de la descente. Idem, avec les ruisseaux ou rivières.

Route de Jérémie

Puis, à partir des Cayes débute l’ascension pour atteindre la côte Nord. Assez vite, la route devient chemin de terre alors qu’on traverse les champs de vétiver pour atteindre les hauteurs où les sacs de charbon jonchent les routes. Sur la redescente, un camion couché, pas mal de trous et l’on découvre la côte avec la plage des Roseaux.

Jérémie qui a été traversé part l’Ouragan Matthew de plein fouet a payé un lourd tribu mais semble s’est déjà un peu remise des dégats. Il y a un côté un peu Far West dans la partie centrale avec des rues agencées de manière orthogonale et de petites maisons collées les unes aux autre hautes de deux étages au maximum. Ensuite, c’est arrangé naturellement par quartier. Bidonville en bas, villas en hauteur, etc.

Première excursion à pied depuis la maison, direction l’aéroport de Jérémie qui n’est rien d’autre qu’une piste de terre. En passant par les hauteurs de la ville, on arrive sur un plateau et tente un chemin sur la droite. Le petit sentier de terre contournant les petites plantations de canne à sucre, bananier, etc. nous mène dans un petit labyrinthe improvisé. On croise une enfant tirant derrière lui sa voiture composée d’une bouteille en pet, quatre bouchons en plastique et une ficelle. Les enfants (timouns) jouent avec des cerceaux métalliques, cerf-volants en plastique noir. Quand ils jouent.

L'Anse d'Azur

Après sept kilomètres de crapahutage en zig-zag, la plage se découvre à nous. Magnifique bleu turquoise cerné de petites falaises calcaires avec du sable qui s’étend sur une bonne centaine de mètres. Et comble de chance, les Haïtiens n’aiment pas la mer. Même un samedi, la plage est vide si on ignore les crabes.

Chemin rentrant, l’orage semble approcher. Avoir un magnifique arc-en-ciel plein Est avec le soleil de fin d’après-midi dans le dos n’annonce rien de bon quand le temps arrive par l’Est. Le courant électrique est coupé (alors qu’il ne fonctionne que de 18h à 0h), les vitres-barreaux-inclinables crachent des gouttes d’eau, et les palmiers se courbent. Les tropiques, ça dégomme sec. Et je fais des allers-retours avec la serpillère dans le couloir.

Rue post-orage

L’orage stoppe et la rue est en crue, c’était le soir de nettoyage à croire. Et tous les plastiques partent pour la mer. Un peu plus tard dans la soirée, un second orage relance le bal des serpillères. Ce dernier sera moins intense. D’ici quelques mois, nous serons tous accrochés à la plateforme d’observation des tempêtes tropicales américaine (NOAA National Hurricane Center).

Fonds rouges derrières

Et dimanche, petit tour à pied côté terres en redescendant sur la rivière de la Grand Anse plutôt que la mer. Les hauts de Jérémie dévoile un plateau à la terre rouge vive et où sont cultivées bananes et cannes à sucre. L’ambiance y semble très paisible et bien éloignées des 4x4’s des ONG comme des camions de livraison. Une bonne occasion de se perdre et enrichir les cartes géographiques de OpenStreetMap de nos découvertes. En Haïti, Google Maps est quasiment inutile.