Arrivée à Port-au-Prince
1 August 2017
L’appartement est vidé, nettoyé; les meubles sont cachés au grenier avec les objets semi inutiles des voisins et propriétaires; les affaires de sport chez le frangin et tout le reste, dont le chat, viennent remplir le modeste appartement de la maman. Merci maman! Et une petite torrée-cervelas-banane-chocolat avant l’obligatoire nuit zurichoise d’avant vol.
ZRH
Petit réveil, un café et un yaourt noisette plus tard, zou dans le tram 10 pour Kloten. Bien en avance, je trouve le guichet d’American Airlines sans problème. Une fois passé les questions d’usage quant à la couleur de mes selles du jour et les raisons de mon voyage.
À ma grande suprise, mes billets n’étaient pas bon. Il n’est pas possible de renouveler son temps à l’étranger, de nonante jours en entrant par les États-Unis d’Amérique.
“If you are admitted to the United States under the VWP (Visa Waiver Program), you may take a short trip to Canada, Mexico, or a nearby island and generally be readmitted to the United States under the VWP for the remainder of the original 90 days granted upon your initial arrival in the United States. Therefore, the length of time of your total stay, including the short trip, must be 90 days or less.”
https://travel.state.gov/content/visas/en/visit/visa-waiver-program.html
Mon idée initiale était de ressortir de Haïti, en République Dominicaine, puis aux États-Unis afin de rester dans la légalité. Mais impossible dixit l’oncle Sam.
Donc, changement de guichet et échange de billets pour retourner sur le vieux continent après nonante jours. C’est la vie. Un décollage et un atterrissage plus tard, bienvenue dans l’enfer de la douane de JFK en plein rush où les employés ne savent même plus quoi faire pour bien faire. Les valises forment des pyramides autour des tourniquets en attendant leur propriétaire.
JFK
Ayant également foiré l’achat de mon billet, je me dois de passer une nuit à New York, avant d’en passer une autre à Miami. Cette dernière semblant toutefois obligatoire peu importe le vol. Et magie de l’organisation étasuniennes, la carte du métro/AirTrain est meilleure marché auprès du détaillant qu’à l’automate ressemblant à une machine à sous.
L’hôtel trouvé dans la zone de Jamaica Queens semble être transformé en salle de meeting accueillant des associations. Heureusement, il m’est possible de désactiver la climatisation. La commission sur la carte de crédit est plus faible au Deli du coin qu’à la Bank of America. Encore une étonnante logique. La fausse bonne idée aura été d’acheter un café dans une petite roulotte cubaine. Certes la pâtisserie frite était doucereuse mais le café goûtait lui le produit de nettoyage. Encore une bonne raison, s’il en faut une, de ne pas demander de sucre. Ce dernier jouant le plus souvent le rôle de cache-misère.
Un petit vol pour Miami et un Dr Pepper plus tard. Oui, j’adore ces boissons non conventionnelles comme la root beer et le ginger ale. Avec modération, et uniquement pour l’exotisme offert.
MIA
Et là, comme convenu, une attente de quatorze heures avant le vol de 7h45 du lendemain. Deux, trois tours d’aéroport plus tard, je me convaincs de manger un morceau dans l’un des restaurants de la zone de check-in. Une bonne excuse pour descendre un litre de thé froid non sucré et hyper amer. Selon ce restaurant une salade se sert recouvert de cheddar râpé. Miam, le burger et les frites n’offrent aucune résistance.
À partir de neuf heure le soir, l’aéroport se vide et les échoppes ferment. L’air est lourd et bruyant à l’extérieur et glacé et sec à l’intérieur. Une employée vient faire ses cinq minutes de sport en réalisant des aller-retours dans les marches d’escalier. Et ceci de manière répétitive, silencieuse et sans émotion comme un tigre le long de son enclos.
Ma recherche pour une prise USB me conduise au dernier étage, proche d’une salle de conférence. Et heureusement, il est aisé d’obtenir des tranches de Wi-Fi ne devant durer que quarante-cinq minutes. Un peu plus tard, des agents de l’aéroport viennent amener la salle de conférence en zone de repos avec lits de camps, sacs American Airlines de couverture/coussin, barres de céréales, et bouteilles d’eau de la Coca-Cola company. Pouvoir s’allonger et fermer un œil dans la pénombre fait du bien, même pour quatre heures, même à 15 °C.
Si l’aéroport s’endort à neuf heure du soir, à cinq heure du matin c’est une ruche en pleine effervescence. Et l’avantage est qu’on peut apprécier les reflets du soleil dans les cumulus passant par là. L’embarquement sonne déjà créole et annonce l’arrivée en Haïti. Tout comme le retard de l’embarquement. Les Haïtiens sont autant nonchalants pour monter dans l’avion qu’ils sont pressés d’en ressortir.
PAP
Aéroport de Port-au-Prince, son orchestre, sa taxe de dix dollars américains et les formulaires d’immigration/de douane à peine lus. Et chose nouvelle, une personne s’assure que chacun reparte bien avec son bagage. Hélène a réussi à faire les yeux doux aux gardes pour venir dans la zone tampon entre la douane et la sortie. Finalement, après deux mois de séparation, ce moment arrive.
Je l’avais laissé dans une petite Twingo et la voici dans un gigantesque pick-up Toyota un peu cabossé. La conduite est sportive et demande de pousser à chaque carrefour. L’auberge où l’on réside est tenue pour des Américains aidé d’Haïtiens des environs pour la cuisine et l’entretien.
Premier week-end, et excursions en 4x4. Le premier, nommé le Saut, dans la commune de Saut d’Eau (Sodo) fait partie des photos montrées à l’aéroport. Un rituel vaudou y prend part et de nombreux chrétiens semblent s’y rendre pour tremper leurs pieds, boire un peu de rhum et se faire éclabousser par la chute d’une dizaine de métres. Le lieu est d’accès payant même si les enfants utilisent un trous dans la clôture pour s’y introduire mendier, les bouteilles de rhum jonchent le sol de toutes parts. En plus du rhum, il semble important de se faire frictionner à l’aide d’une poignée de feuilles.
La partie intéressante de cette visite aura été la traversée des montagnes abritant des mines servant à la fabrication de ciment. Mais rien ne peut égaler la traversée d’une rivière. Dans quarante centimètres d’eau, il nous aura fallu pousser, manœuvrer et espérer pour le meilleur. Mais c’est passé, bien que les pneus semblent souffrir fortement des chemins qu’on leur impose.
Puis, le lendemain, en route pour les hauteurs au dessus de Pétionville, le quartier riche de Port-au-Prince. Les hauteur offrent un paysage assez incroyable où la montagne dessinée par les différentes précipitations est un grand jardin. Il semble que chaque bout de terre est utilisé en culture en terrasse, en pâture, ou comme terrain d’habitation.
Il est à présent temps de quitter la capitale pour nous en diriger vers Jérémie, lieu où Hélène est basée dans le cadre de sa mission en Haïti. Avec des batteries pour alimenter les ordinateurs, des vivres pour les tempêtes tropicales de septembre et du petit matériel disponible uniquement ici.
À bientôt.